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La documentation en couleurs - La Gaule - Janvier 1953

VILLAGE GAULOIS PRIMITIF

Gaule, Village (source La Documentation Par l'Image, 1953)
J'observe la gravure : Où sont construites les habitations ? Quelles formes ont-elles ? Quel matériau les compose ? Comment sont habillés les Gaulois ? Quelles sont leurs occupations ? Quels outils emploient-ils ? Quels animaux domestiques remarques-tu ?
Je cherche à étendre mes connaissances. - Les habitations gauloises étaient ordinairement placées sur la lisière des bois ou sur le bord des fleuves. Les maisons, de forme ronde et surmontées d'un toit conique, étaient de bois, quelquefois de pierres brutes jointes avec de la terre glaise ; d'autres fois les murailles du logis étaient faites de deux claies d'osier fixées à quelques centimètres l'une de l'autre et dans l'intervalle desquelles on pétrissait de la terre argileuse et de la paille hachée.
Le toit descendant fort bas, on gagnait de la hauteur en creusant le sol de l'habitation jusqu'à une certaine profondeur et l'on entrait, ou plutôt l'on descendait par une petite rampe ménagée devant la porte. « Jetons un coup d'oeil à l'intérieur ; quelques vêtements, des armes, des outils pendent accrochés aux murailles ; là, dans un coin, une quenouille chargée de filasse et des fuseaux ; à terre, un ou deux paniers, des corbeilles d'osier. Pour tout ustensile de ménage, nous trouvons quelques pots de terre pour renfermer ou faire cuire les aliments, peut-être un petit baril ou un seau de bois. Point de foyer ni de cheminée... ou plutôt vous appellerez foyer, si vous voulez, une aire de pierres plates au beau milieu de la maison ; là, on allume le feu pour se chauffer, pour faire la cuisine - pauvre cuisine ; la fumée s'élève, séjourne, s'en va comme elle peut par la fenêtre ou par de petits trous ménagés en haut de la couverture. Mais que vois-je là-haut, pendus aux chevrons noircis de suie, des quartiers de porc salé, des jambons qui fument tout à loisir... Évidemment c'est ici qu'ont dû être inventées les viandes fumées ! ». C. DELON. (Histoire d'un village avant la Révolution).
« La porte de la maison était décorée des crânes des ours, des loups, des aurochs, des élans tués à la chasse, mais aussi des crânes de guerriers tués à la guerre. Plus il y avait de têtes humaines de clouées dans le pisé avec des broches de bois, plus l'hôte admis dans cette demeure comprenait qu'il entrait chez un grand chef, fameux par ses exploit." (A. RAMBAUD, L'anneau de César).

UN REPAS CHEZ LES GAULOIS.

Gaule, Repas (source La Documentation Par l'Image, 1953)
J'observe la gravure : Quelles positions adoptent les convives pour manger ? Sur quoi sont-ils assis ? Quels ustensiles servent à contenir les aliments et les boissons ? Où sont les armes ? Y a-t-il une porte à la cabane ? Avec quoi ferme-t-on ? Fais une description des costumes.
Je cherche à étendre mes connaissances. - Il nous est resté des repas des Gaulois une description curieuse, tracée par un voyageur qui, souvent, prit part à leurs festins :
« Autour d'une table fort basse, on trouve disposées, par ordre, des bottes de foin ou de paille, ce sont les sièges des convives. Les mets consistent d'habitude en un peu de pain et beaucoup de viande bouillie, grillée ou rôtie à la broche, le tout servi proprement dans des plats de terre ou de bois chez les pauvres, d'argent ou de cuivre chez les riches. Quand le service est prêt, chacun fait choix de quelque membre entier de l'animal, le saisit à deux mains et mange en mordant à même. On dirait un repas de lions. Si le morceau est trop dur, on le dépèce avec un petit couteau dont la gaine est attachée au fourreau du sabre. On boit à la ronde dans un seul vase en terre ou en métal, que les serviteurs font circuler, on boit peu à la fois mais en y revenant fréquemment. Les riches ont du vin d'Italie et de Gaule qu'ils prennent pur ou légèrement trempé d'eau. La boisson des pauvres est la bière ou l'hydromel. Dans les festins d'apparat, on forme deux cercles, le premier celui des maîtres, le second celui des servants d'armes. Ceux-ci portent les boucliers et les lances, ils sont traités et mangent comme leurs maîtres. Ainsi la parure du Gaulois, ce sont ses armes. D'ailleurs, n'en avait-il pas toujours besoin ? Dans l'ivresse du festin, son plaisir était de provoquer les convives. Le sang se mêlait souvent au vin répandu et les repas joyeux se terminaient par des funérailles." (POSIDONIUS)
« Ils prennent leurs repas, non point assis sur des sièges, mais accroupis sur des peaux de loup et de chien. A côté d'eux sont des foyers flamboyants avec des chaudières et des broches garnies de quartiers entiers de viande. On honore les braves en leur offrant les meilleurs morceaux. Les Gaulois invitent aussi les étrangers à leurs festins et ce n'est qu'après le repas qu'ils leur demandent qui ils sont et ce qu'ils viennent faire dans leur pays ». (DIODORE DE SICILE).

VIE RURALE ET COSTUMES GAULOIS.

Costumes gaulois (source La Documentation Par l'Image, 1953)
J'observe la gravure : En haut, à gauche, un laboureur (d'après un bas-relief de la colonne de Marc-Aurèle). Comment sont attelés les boeufs ? Décris la charrue ou araire. A droite, un chariot (bas-relief trouvé à Dijon) à 4 roues, moitié en bois, moitié en paille tressée. En bas, les 5 personnages à gauche sont des Gaulois, les 6 à droite des Gallo-romains. (Différence entre les costumes ?).
Je cherche à étendre mes connaissances. - Le costume des Gaulois. « La plupart laissaient croître et flotter leurs cheveux, quelques uns les relevaient en touffe sur le sommet de leur tête à la manière des sauvages de l'Océanie ; d'autres les roulaient en bandeaux autour de leur front ou les laissaient flotter, d'autres enfin, portaient les cheveux courts, à la romaine. Les prêtres et le peuple laissaient croître leur barbe. Le costume était composé d'un pantalon serré à la taille et d'une blouse. Par-dessus, les gens riches portaient une sorte de chemise ou long gilet en lin d'étoffe rayée. La blouse appelée dans le pays saie ou sague (saga ou sagum par les Romains) ouverte sur la poitrine et agrafée sous le menton, quelquefois garnie de manches et descendant jusqu'au milieu des cuisses, était fabriquée dans cette laine à longs poils pour l'hiver, à poils ras pour l'été, que fournissaient les moutons de la Gaule, elle était rayée ou quadrillée, de couleurs éclatantes, que les Gaulois aimaient passionnément, le rouge surtout ». (Diodore de Sicile).
« Les saies rousse ou rouges fabriquées en Artois sont citées comme étant un vêtement connu dans le monde entier ; on les appelait encore cérampelines, c'est-à-dire habits couleurs de brique ». (VITRUVE).
« Quant aux femmes gauloises, une taille élancée, des formes pleines et vigoureuses, une blancheur de lait, une fraîcheur éclatante étaient les traits de leur beauté nationale. Elles entretenaient cette fraîcheur de leur teint en se frottant avec un parfum dont le fond était de l'écume de bière ». (PLINE XXII, 25).
Leur costume se composait ordinairement d'une ample tunique à larges plis, sans manches ou avec des manches longues et étroites et d'une pièce d'étoffe attachée sur les hanches et tombant par-devant, c'est-à-dire d'un vrai tablier (sculpture de l'arc de triomphe de Langres).

SOLDATS GAULOIS.

Gaule, Soldats (source La Documentation Par l'Image, 1953)
J'observe la gravure : Quelles sont les armes offensives des Gaulois ? Les armes défensives ? Le costume est-il uniforme ? Que représentent les enseignes ?
Je cherche à étendre mes connaissances. - Les armes et les costumes ont été dessinés d'après le tombeau des Jules à St-Rémi. Les trois personnages de gauche sont des guerriers du Ier siècle avant J.-C. Les autres sont des Gaulois de la guerre des Gaules ; de nombreuses pièces de leur costume sont à l'imitation de celles des légionnaires romains qu'ils combattaient. « Ils ont pour armes défensives des boucliers aussi hauts qu'un homme et que chacun orne à sa manière. Leurs casques d'airain ont des grandes saillies et donnent à ceux qui les portent un aspect tout fantastique. A quelques uns de ces casques sont fixées des cornes; à d'autres, des figures en relief d'oiseaux ou de quadrupèdes. Ils ont des trompettes barbares d'une construction particulière qui rendent un son rauque approprié au tumulte guerrier. Les uns portent des cuirasses de mailles de fer, les autres combattent nus. Leurs épées ne sont guère moins grandes que le javelot des autres nations et leurs saunies, lourdes piques qu'ils lancent, ont des pointes plus longues que leurs épées. Dans les voyages et dans les combats, beaucoup se servent de chars à deux chevaux, portant un conducteur et un guerrier. Ils lancent d'abord la saunie et descendent ensuite pour attaquer l'ennemi avec l'épée. Avant de livrer bataille, ils ont coutume de sortir des rangs et de provoquer les plus braves des ennemis à un combat singulier en brandissant leurs armes pour effrayer leurs adversaires. Ils coupent la tête de leurs ennemis vaincus, l'attachent au cou de leurs chevaux et clouent ces trophées à leurs maisons. Si c'est un ennemi renommé, ils conservent sa tête avec de l'huile de cèdre et on en a vu refuser de vendre cette tête contre son poids d'or ». (Diodore de Sicile).

LE SIÈGE D'ALÉSIA.

Alesia, Siege (source La Documentation Par l'Image, 1953)
J'observe la gravure : Où se trouve située Alésia ? En quoi consistaient les travaux de César ? Décris le costume des légionnaires romains qu'on aperçoit à droite de la gravure.
Je cherche à étendre mes connaissances. - Les fortifications de César sont vues de la Montagne de Flavigny. Au fond le camp retranché d'Alésia. Le bourg est à flanc de colline. Au centre, à gauche le camp de César et sa tente personnelle. Alésia (Alise, dans la Côte d'or) assise sur le plateau d'une colline escarpée, passait pour une des fortes places de la Gaule. Vercingétorix y traça un camp pour son armée qui comptait encore 80.000 fantassins et 10.000 cavaliers. César conçut l'audacieuse pensée de terminer d'un coup la guerre en assiégeant à la fois la ville et l'armée. Alors commencèrent de prodigieux travaux. D'abord un fossé de 20 pieds de large sur 11.000 pas de développement; derrière celui-là, un second fossé de 15 pieds de profondeur; puis un troisième, dans lequel il jeta une rivière. Le dernier bordait une terrasse de 12 pieds de haut, surmontée de créneaux, palissadée sur tout son pourtour de troncs d'arbres fourchus et flanquée de tours à 80 pieds de distance l'une de l'autre. En avant des fossés, il plaça 5 rangées de chevaux de frise, 8 lignes de pieux enfoncés en terre et dont la pointe était cachée sous les branchages ; plus près encore du camp ennemi, il sema des chausse-trapes armées d'aiguillons acérés. Tous ces ouvrages furent répétés du côté de la campagne, où la contre-vallation avait un circuit de 16 milles. Cinq semaines et moins de 60.000 hommes suffirent à cette tâche. Cependant les jours s'écoulaient, nul secours ne paraissait et les vivres manquaient dans Alésia. Enfin les secours promis arrivent: du haut des murs, Vercingétorix voit avec joie se déployer sur les hauteurs qui enveloppent la plaine et le camp de César, 250.000 guerriers. Toute la Gaule s'était levée pour le combat suprême. Mais cette multitude indisciplinée vint se briser contre l'inexpugnable rempart dont César avait couvert ses légions. Après avoir supporté plusieurs assauts inutiles, il attaqua lui-même, repoussa les Gaulois sur les hauteurs d'où ils étaient descendus, les y suivit et jeta dans leurs rangs une terreur panique qui dispersa cette multitude. La Gaule cette fois était bien vaincue et pour toujours. (D'après CÉSAR, Guerre des Gaules).

VERCINGÉTORIX SE REND A CÉSAR.

Vercingetorix se rend a Cesar (source La Documentation Par l'Image, 1953)
J'observe la gravure : Où est César ? A quels signes le reconnaît-on ? A quoi voit-on que le siège n'est pas terminé ?
Je cherche à étendre mes connaissances. - « ...Devant le camp avait été dressée l'estrade du proconsul. Sur le siège impérial, César se tenait assis, revêtu du manteau de pourpre. Autour de lui, les aigles des légions et les enseignes des cohortes. En face, la montagne que couronnaient les remparts d'Alésia, avec ses flancs couverts de cadavres. Comme spectateurs, quarante mille légionnaires, debout sur les terrasses et les tours. « Vercingétorix sortit le premier des portes de la ville, seul et à cheval. Aucun héraut ne précéda et n'annonça sa venue. Il descendit les sentiers de la montagne et il apparut à l'improviste devant César. il montait un cheval de bataille harnaché comme pour une fête. Il portait ses plus belles armes. Il redressait sa haute taille et s'approchait avec la fière attitude d'un vainqueur. Les Romains eurent un moment de stupeur et presque de crainte quand ils virent chevaucher vers eux l'homme qui les avait si souvent forcés à trembler pour leur vie. L'air farouche, la stature superbe, le corps étincelant d'or, d'argent et d'émail, il dut paraître plus grand qu'un être humain, auguste comme un héros. Il fit, à cheval, le tour du tribunal, traçant rapidement autour de César un cercle continu. Puis il s'arrêta devant le proconsul, sauta à bas de son cheval, arracha ses armes, les jeta aux pieds du vainqueur ; venu dans l'appareil du soldat, il se dépouillait pour se transformer en vaincu et se montrer en captif. Enfin, il s'avança, s'agenouilla et, sans prononcer une parole, tendit les deux mains en avant vers César dans le mouvement de l'homme qui supplie une divinité. Les spectateurs de cette étrange scène demeuraient silencieux. L'étonnement faisait place à la pitié. Les Romains se sentirent émus... ». (D'après JULLIAN, Vercingétorix, Hachette).

VILLE GALLO-ROMAINE - VOIE ROMAINE.

Ville gallo-romaine (source La Documentation Par l'Image, 1953) Voie gallo-romaine (source La Documentation Par l'Image, 1953)
J'observe la gravure : En haut, comment entre-t-on dans la ville ? Quels véhicules y rencontre-t-on ? De quoi est constitué le sol des rues ? Décris les boutiques. (Au fond, la porte d'Autun qui existe encore). En bas, quels matériaux constituent la route romaine ? Comment franchit-elle le cours d'eau ? Comment sont indiquées les distances ?
Je cherche à étendre mes connaissances. - Une ville gallo-romaine : AUTUN.
AUTUN (ville gallo-romaine qui, après la conquête, remplace Bibracte) « Son enceinte avait plus de cinquante tours circulaires. Elle était percée de 4 portes dont deux subsistent. Avec leur étage supérieur formant galerie et correspondant avec le chemin de ronde qui existait au sommet du rempart, ces portes sont les meilleurs exemples de ce genre d'architecture... Autun était aussi prospère que les villes les plus réputées du midi de la Gaule. Elle avait un théâtre et son amphithéâtre n'était dépassé que par le Colisée de Rome. Magistrats, nobles escortés d'esclaves, étudiants joyeux, artisans y circulaient chaque jour et, lorsqu'il y avait marché, le forum pouvait à peine contenir les marchands d'étoffe et de graines, les agriculteurs et les éleveurs qui y affluaient ». (D'après NIAUDE & HENON, Histoire du Nivernais).
Une route romaine : Telle était la solidité des voies de communication que les Romains savaient construire, qu'il en existe encore des débris dans presque toutes nos provinces. Elles sont formées de plusieurs couches de pierres encaissées dans une tranchée profonde d'environ deux mètres, battues dans du mortier et recouvertes d'un parement de gros blocs de granit ou de pierres volcaniques, taillés irrégulièrement, mais parfaitement joints. De mille en mille pas, s'élevaient, sur ces routes, les bornes milliaires marquant les distances et qui, plus élevées que les nôtres, formaient des colonnes ou d'autres petits monuments sur lesquels on gravait des inscriptions contenant, outre l'indication des distances, les noms des empereurs qui avaient fait construire ou réparer la voie. Avec ces voies, plus parfaites que ne sont les nôtres, les armées impériales se transportaient rapidement aux frontières et le simple soldat muni du livret sur lequel étaient marquées les étapes, rejoignait aisément les villes de garnison ou les campements échelonnés sur la route.

LUTÈCE GALLO-ROMAINE (reconstitution).

Lutece gallo-romaine (source La Documentation Par l'Image, 1953).jpg
J'observe la gravure : (Attention ! le nord est en bas de la gravure, la Seine coule de gauche à droite). Remarque les monuments (dont il reste des vestiges). A gauche, le stade et vers le centre, le théâtre. A droite, les Thermes de Julien. Dans l'île, un temple. Comment s'appelle cette île ? Comment y accédait-on ? Que remarques-tu au milieu des ponts ? Pourquoi ? Sur quelle rive semble s'étendre la ville ?
Je cherche à étendre mes connaissances. - Le mot LUTÈCE vient du latin lutetia, altération de lucotetia, mot dérivé du celtique louk teih, le lieu des marais. Avant la conquête romaine, Lutèce n'était qu'un village dans l'île de la Cité occupée par une peuplade gauloise, les parisis. Après la conquête, Lutèce se développa et s'étendit sur la rive gauche. Grâce à la Seine, les relations commerciales étaient actives et, au 2ème siècle, une puissante corporation de nautes (navigateurs) élevait un autel à Jupiter (on en a retrouvé les ruines au chevet de Notre-Dame). Deux ponts furent jetés dans l'axe des rues St-Martin et St-Jacques.
L'empereur JULIEN séjourna à Lutèce au 4ème siècle. Il l'appelait sa chère Lutèce. « J'avais mes quartiers d'hiver, dit-il en l'un de ses écrits, dans ma chère Lutèce ; c'est ainsi que les Celtes appellent la petite ville des Parisiens. Elle est bâtie au milieu d'un fleuve, dans une île de médiocre étendue, où conduisent deux ponts-levis, jetés un sur chaque bras. L'hiver y est moins rigoureux qu'ailleurs, peut-être à cause des douces brises de la mer qui n'est qu'à quarante-cinq lieues. Aussi ce pays possède-t-il d'excellents vignobles ; on y élève beaucoup de figuiers, qu'on protège contre le froid de l'hiver par des couvertures de paille ».



Au service de l'école - La Gaule - Janvier 1953

Gaulois combattant

Combat entre un soldat romain et un guerrier gaulois (source La documentation par l'image, 1953)
(Tiré de Au service de l'école - La Gaule - Janvier 1953)
(Sarcophage de la Vigne Ammendola)
Comment combat le Gaulois ? Quelles sont ses armes ? Que remarque-t-on dans le costume de son adversaire? Quelles armes emploie-t-il?
En bas, à droite, un Gaulois prisonnier, mains et buste liés. « Les Gaulois étaient, dit Jules César des hommes francs, peu portés à dresser des embuscades, et habitués à combattre avec le courage, non avec la ruse. La guerre savante, comme la faisait les Romains, leur semblait porter une légère empreinte de lâcheté. Pour eux, ils apportaient au combat la vigueur de leurs bras et dédaignaient toute disposition plus habile, aussi bien que leurs généraux dédaignaient toute combinaison stratégique. Leur orgueil, dans le danger, allait jusqu'à refuser de s'enfuir d'une maison prête à s'écrouler. Ils se présentaient au combat tout nus contre les Romains couverts d'armures de fer». Peu de temps encore avant César, dans toutes les batailles, on voyait sur les lignes gauloises un premier rang composé d'hommes complètement dépouillés de leurs vêtements, et n'ayant en mains que leurs armes pour combattre. C'était le privilège que réclamaient les plus beaux et les plus braves. L'ennemi lui-même, de l'aveu des anciens, éprouvait une sorte de crainte superstitieuse au spectacle de cette folie surhumaine. « Nus et distingués entre tous par la jeunesse et la beauté, ceux du premier rang inspiraient la terreur par leur figure et leurs gestes » (POLYBE). Pour eux mourir n'était pas une affaire, c'était un voyage ; et le Gaulois, ignorant les tristesses de l'enfer chrétien, partait en souriant d'avance aux amis qu'il allait rejoindre.

Un guerrier gaulois (Musée de l'Artillerie)

Gaule, Guerrier (source La documentation par l'image, 1953)
(Tiré de Au service de l'école - La Gaule - Janvier 1953)
Quelles sont les armes offensives et défensives du guerrier gaulois? Pourquoi le casque est-il muni de cornes? Comparez cet armement à celui des légionnaires romains.
Le guerrier porte le long manteau ou saie et la braie, pantalon serré aux chevilles. Les Romains distinguaient la Gaule romaine de celle qui était encore indépendante, en les nommant la Gaule à toges et la Gaule à braies (Gallia Togata, Gallia Braccata).
L'épée gauloise, épée de cuivre ou de fer mal trempé, était longue, droite et terminée par une pointe conique. Cette arme fut souvent la cause de l'infériorité de ceux qui la portaient, dans leurs combats contre les Romains. Lors d'une grande bataille où les Gaulois combattirent en lions, à Télamone (an 225 avant J.-C.), lorsqu'ils avaient asséné quelques coups sur les armures ennemies, leurs épées mal trempées se ployaient, et tandis qu'ils se baissaient pour les redresser avec le pied, l'ennemi les égorgeait sans péril.
Ils savaient aussi manier la lance ; mais l'épieu était leur arme favorite. Ils l'appelaient gais. Le gais pouvait se lancer de loin ; on le lançait aussi tout enflammé : c'était alors la gatéie. César rapporte qu'ils incendièrent le camp d'une légion qui les assiégeait, en lançant de petits boulets d'argile rougis au feu et des flèches enflammées.
Il semble que le soldat gaulois n'ait, d'abord, porté pour coiffure que sa longue chevelure rutilante, « ces cheveux terribles, dit un auteur grec, dont la couleur approchait de celle du sang, et qui semblaient annoncer et porter la guerre avec eux ». (Clément Alexandrie).
Puis ils firent un mélange bizarre de leur mode avec le casque romain, qu'ils adoptèrent en y soudant sur le sommet des cornes naturelles d'élan, de buffle ou de cerf, des ailes d'oiseaux, des panaches. Ces ornements donnaient à l'homme un aspect étrange et gigantesque. Quant au bouclier gaulois, il fut d'abord fait d'une claie d'osier recouverte de cuir ou de planchettes de bois jointes ensemble. Peu à peu il prit une forme longue, élégante et devint, d'ordinaire, ovale ou hexagone; on le peignit de dessins variés ; on y cloua, au centre, une tête d'animal, un fleuron, une figure quelconque en métal.
« Le Gaulois était grand, robuste, et sa haute stature contrastait avec la taille des Romains. Il avait grand soin d'exercer la vigueur de ses muscles et d'habituer son corps à braver la fatigue et les intempéries de l'air. On trempait les enfants dans l'eau froide à leur naissance et on renouvelait souvent ces immersions. »
(Diodore de Sicile.)

Chariot gaulois (Musée de Trèves) : tombeau trouvé à Langres

Chariot gaulois (source La documentation par l'image, 1953)
(Tiré de Au service de l'école - La Gaule - Janvier 1953)
Quels animaux tirent le chariot? Comment sont faites le roues ? Différent-elles de celles d'aujourd'hui ; N'y-a-t-il pas, dans le dessin du tonneau des fautes de perspective ? lesquelles ?
L'art de conserver les vins dans des douves de bois cerclées, c'est-à-dire la construction des tonneaux, au lieu des outres de peau et des amphores de terre cuite qu'employaient les anciens, est une invention des Gaulois et constituait une de leurs industries importantes. La charrue à roues fut une innovation de la Gaule Cisalpine. Les cribles en crin, l'emploi de la marne comme engrais, de l'écume de bière pour levure et ferment du pain, sont aussi des inventions gauloises.
Les Anciens reconnaissaient encore aux Gaulois l'art d'émailler et d'argenter le cuivre, la découverte de la charrue à coutre et avant-train, de la grande faux, du savon, des tapis ornés, des matelas et des lits rembourrés.
Ils attribuent aux Bituriges la découverte de l'étamage et aux ateliers d'Alésia celle de l'argenterie.

Payement des fermages (Musée de Langres)

Gaule, Payement de fermages (source La documentation par l'image, 1953)
(Tiré de Au service de l'école - La Gaule - Janvier 1953)
Qui reçoit les fermages ? Comment sont-ils payés" ? Quels objets remarquez-vous qui étaient déjà en usage à cette époque ?
Avant la conquête romaine, le sol de la Gaule était déjà divisé en vastes domaines que se partageaient les nobles ou chefs des tribus et dont la culture était confiée à des fermiers, moyennant redevances. Ce fut la première forme du métayage.
Les Gaulois, quoique plus portés à la guerre, aimaient l'agriculture. Dans des cimetières de l'époque celtique, on a trouvé des restes d'hommes qui avaient été inhumés la main droite posée sur la lame de leur épée, d'autres sur un coutre de charrue.
Les pâturages étaient excellents et les principales denrées alimentaires abondantes.
Les Gaulois avaient des boeufs et des moutons en quantité. Avec la laine de ces derniers, ils fabriquaient des étoffes.
Ils tissaient aussi le lin, et ils portaient l'art de la fabrication des étoffes, soit de laine, soit de fil, assez loin pour savoir les brocher et les teindre.
Les porcs, qui fournissaient le fond de l'alimentation du pays, pullulaient en liberté dans les forêts ; ils y devenaient d'une taille et d'une férocité si formidables qu'on s'en gardait à peu près autant que des sangliers. Leurs propriétaires savaient les saler et les fumer d'une manière si exquise, au goût des Romains, qu'il y avait à Rome une foire annuelle pour les jambons, les flèches de lard et les saucisses des Gaules.

Pharmacien gallo-romain

Pharmacie gallo-romaine (source La documentation par l'image, 1953)
(Tiré de Au service de l'école - La Gaule - Janvier 1953)
(Musée de Saint-Germain).
Que pensez-vous des ustensiles qu'emploie ce pharmacien ? Lesquels peuvent faire penser qu'il s'agit d'une pharmacie ?
Malgré la désignation de « pharmacien » qui paraît contestable, le personnage principal est une femme, Seuls, un foyer et un pilon peuvent faire penser qu'il s'agit d'une industrie peu commune.
C'était la coutume, chez les artisans et commerçants gallo-romains des premiers siècles de l'ère chrétienne de se faire représenter, sur leur tombe, dans le costume de leur profession. On a réuni, au musée de Saint-Germain, un certain nombre de ces petits monuments funéraires montrant des maçons, des forgerons, des foulons, des tailleurs, des potiers, etc... (voir Documentation en couleurs).
A la suite de la conquête romaine, il s'était formé, dans les villes, une classe active de petits artisans et de petits commerçants ancêtres des bourgeois du Moyen Age.

Vercingétorix

Vercingetorix (source La documentation par l'image, 1953)
(Tiré de Au service de l'école - La Gaule - Janvier 1953)
(Statue de Clermont-Ferrand).
On ne possède aucun portrait gravé ou sculpté de Vercingétorix. Quelques effigies sur des pièces de monnaie semblent le représenter, sans certitude.
Il s'agit donc, ici, d'une image conventionnelle. Le sculpteur a voulu traduire, dans l'allure du chef des Gaulois, l'élan qu'il avait su donner aux peuples unis contre l'envahisseur romain.
Chez les Gaulois, comme chez tous les peuples simples et guerriers, comme encore de nos jours chez les sauvages de l'Amérique du Nord et chez les Scandinaves, amis des vieilles coutumes, on se complaisait aux noms sonores et magnifiques. Ainsi sont expliqués par les savants ceux de plusieurs personnages célèbres dans l'histoire de la Gaule : Boduog-nat, le Fils de la victoire ; Boio-rix, le Chef terrible ; Luern, le Renard ; Virdumar, le Grand homme noir; Eporédorix, le Chef dompteur de chevaux; Orgétirix, le Chef de cent vallées. Vercingétorix signifie le Grand Chef des cent têtes. Ce n'est pas un nom de dignité, comme on l'a cru pendant un temps ; ce n'est pas non plus un titre équivalent à celui de généralissime ; c'est un nom propre, comme l'ont prouvé de nombreuses monnaies d'or qu'on a retrouvées en Auvergne et qui sont frappées au nom de Vercingétorix, peut-être même à son effigie.
La foule l'idolâtrait pour son courage, sa beauté, son éloquence, pour la pureté de sa vie. César voulu se l'attacher ; il lui avait donné le titre d'ami, mais le jeune Gaulois méprisant ces avances, vivait simplement en chef de clan dans ses montagnes et rêvait l'extermination des Romains.

Comment Vercingétorix devient chef des Gaulois

(Tiré de la documentation par l'image, 1952)
« A la nouvelle de la levée de boucliers des Carnutes. Vercingétorix, au milieu de la nuit, convoque ses clients. Il les enflamme sans peine, leur fait, prendre les armes et à la pointe du jour il entre à Gergovie, principale place des Arvernes.
Là, ses partisans lui décernent l'autorité souveraine.
Le nouveau chef ou roi des Arvernes envoie aussitôt de tous côtés rappeler aux populations leurs serments. En peu de temps se rallient ouvertement à la cause nationale les Sénons (Sens), les Parisiens, les Pictons (Poitou), les Cadurques (Caliors), les Tarons (Tours), les Aulerques (Evreux), les Lémoviques (Limousin), les Andes (Anjou) et les autres peuples qui bordent l'Océan ; unanimes, toutes ces nations décernent le commandement suprême à Vercingétorix.
Une fois investi de ce grand pouvoir, celui-ci fait livrer des otages par chaque peuple ; il fixe le contingent exigible pour chacun d'eux, soit en armes à fabriquer immédiatement, soit en hommes à fournir. La cavalerie est la partie faible des armées romaines ; il donne tous ses soins à la formation d'une puissante cavalerie. Il déploie la plus grande sévérité dans le commandement, en contraignant par les supplices tous ceux qui lui résistent ou qui se permettent seulement d'hésiter, et partout son activité se montre infatigable »
(Strabon). Enfin, la Gaule avait un chef digne du pouvoir suprême, un homme aux conceptions assez élevées pour sentir palpiter le coeur d'un grand peuple et diriger son bras.

César, conquérant des Gaules

Jules Cesar (source La documentation par l'image, 1953)
(Tiré de Au service de l'école - La Gaule - Janvier 1953)
Quel costume porte César ? Qu'indique le manteau agrafé sur l'épaule droite ? Quelle était la couleur de ce manteau ? (Voir Documentation en couleurs n° 5).
Jules César appartenait à une des plus illustres familles de Rome. Si César était ambitieux, il faisait preuve aussi d'une remarquable, intelligence, d'une éloquence persuasive et d'une énergie à laquelle sa santé assez faible ne mettait pas obstacle.
Il trouva, dans la conquête de la Gaule, une expédition à sa mesure qui lui procura gloire et argent mais où il fit preuve d'une ténacité extraordinaire.
Devenu dictateur avec pleins pouvoirs, il entreprit à Rome une série de réformes par lesquelles il essayait d'unifier l'empire romain. Mais en voulant remplacer la République par la monarchie, il se heurta au parti républicain qui le fit assassiner le jour des ides de mars (15 mars 44).

Le Pont du Gard (état en 1952)

Pont du Gard (en 1952)
(Tiré de Au service de l'école - La Gaule - Janvier 1953)
Qu'est-ce qu'un aqueduc? Combien compte-t-il d'étages d'arcades superposées ? Quel matériau le compose ? Quelle impression produit la vue de ce monument ?
Construit à l'époque d'Auguste (19 avant J.-.C.), c'était un aqueduc destiné à mener à Nîmes les eaux de deux fontaines situées près d'Uzès. Il a 269 mètres de long et s'élève à 48 mètres au-dessus de la vallée du Gard. Il fut construit entièrement en pierres de taille, sans mortier ni ciment.

Les Arènes de Nimes

Nimes, Arenes  en 1952 (1) Nimes, Arenes  en 1952 (extérieur)
(Tiré de Au service de l'école - La Gaule - Janvier 1953)
Où se trouve la piste (ou ovida) ? Est-elle exactement circulaire ? Quelle est sa forme ? Par où entraient les gladiateurs et les fauves ? A quoi servaient les galeries circulaires ?
Les arènes de Nîmes étaient un grand amphithéâtre de forme elliptique dont le grand axe mesurait 133 mètres et le petit 101 mètres. Deux rangs de 60 portiques séparés par des pilastres s'élèvent à 22 mètres et soutiennent 35 rangs de gradins où 30.000 spectateurs pouvaient prendre place. Les Arènes furent construites au 2e siècle et incendiées en 737 par Charles Martel qui voulait en chasser les barbares.


La civilisation de la Gaule indépendante

L'histoire par le récit

De J. Le Poezat-Guigner
(source Au service de l'école - La Gaule - janvier 1953)

La cabane

Un matin de l'année avant Jésus-Christ, Nann, jeune Gaulois de douze ans, vient de s'éveiller dans sa cabane ronde. II quitte sa couche de feuilles sèches et ouvre la petite fenêtre à volet de bois. Il est tout heureux car son père Gaviniath lui a permis de l'accompagner aujourd'hui à la ville voisine. Nann contemple les armes accrochées aux murs de terre sèche et de rondins.
« Ah ! Ah ! déjà réveillé, Nann », dit Gaviniath en se redressant sur son lit de peaux de bêtes. « Dépêchons-nous, car la route sera longue.»

L'habillement

Pendant qu'au centre de la cabane, la mère rallume le feu dont la fumée s'échappe par un trou percé dans le toit de chaume, nos voyageurs enfilent leurs larges braies qui leur descendent jusqu'aux chevilles ; ils serrent leurs blouses de couleur vive à la ceinture et chaussent leurs galoches à semelles de bois. Ils mangent rapidement quelques tranches de pain grossier, un peu de lard et de fromage. Le père boit un grand coup de cervoise (1), en disant : « C'est de l'hydromel (2) qu'il m'aurait fallu ce matin. »
Quand Nann a avalé son lait chaud, les deux hommes jettent sur leurs épaules leurs saies en lainage à carreaux rouges et verts. Le père passe sur ses cheveux de l'eau de chaux qui les teint en roux, se pare de son bracelet et de son collier, et sur sa cuisse droite attache à une chaîne sa longue et large épée en fer à deux tranchants.

Le village

Ils traversent le village. Les paysans libres et les esclaves se rendent aux champs, la houe sur l'épaule. Des porcs, des oies errent entre les huttes, des moutons vont à la pâture. A la sortie du village, ils passent devant la maison du noble qui commande les guerriers en temps de guerre. C'est une bâtisse rectangulaire qui comprend plusieurs pièces, couverte par un toit à double pente, et Nann regarde toujours avec crainte les têtes d'ennemis vaincus, clouées au-dessus de la porte.

Les cultures

Nann, qu'une longue marche n'effraie pas, bavarde sans cesse et, au passage, salue les voisins. L'un laboure avec une charrue à soc métallique, ayant coutre et versoir ; un autre herse. Plus loin, Nann aperçoit une belle charrue montée sur roues, et qu'ont inventée les Gaulois.
« Vois-tu, dit Gaviniath, le blé est levé ici ; souhaitons que Tarann, dieu de la Foudre, qui fait mûrir les moissons, nous soit favorable. Nous ferons encore de grands feux en son honneur (3). D'ailleurs, depuis que nous avons amendé nos terres avec la marne et la chaux (4), les récoltes sont meilleures ; nous n'en perdons rien car nous, nous coupons le blé à la faucille et non avec cette moissonneuse à dents de fer, montée sur roues, que des Gaulois ont inventée récemment.

La forêt

« Prions le dieu Teutatès, protecteur des voyageurs, car voici la forêt. » Ils s'enfoncent sous les grands arbres. Soudain, un sourd galop retentit. Gaviniath prend vite son fils sous le bras et, quittant le sentier, se cache dans un fourré.
« Un auroch, dit le père ; seuls, nous ne pouvons pas le combattre. » Nann, tremblant de peur, voit passer une énorme bête, sorte de taureau monstrueux et puissant.
- As-tu eu peur ? demande Gaviniath.
- Non, père, répond Nann. Tu m'as déjà appris à chasser le loup et le sanglier, et je sais qu'un Gaulois ne craint qu'une chose, c'est que le ciel ne lui tombe sur la tête (5).
- C'est bien, mon fils, mais sache que même si le ciel tombait, nous le soutiendrions avec nos lances.

La religion

« Tiens, vois ce bracelet accroché à cette branche basse, c'est un don qu'un voyageur a fait à Teutatès. Personne ne doit y toucher.»
Nann et son père marchent toujours d'un pas léger. Ils traversent un village de bûcherons établi dans une carrière. Bientôt, ils ont soif. Ils trouvent une source et s'y désaltèrent en remerciant le dieu des eaux, Borvo, de leur avoir procuré une eau aussi fraîche.
« Oh ! père, s'écrie Naun, regarde, du gui sur un chêne !
- Je le savais, répond Gaviniath ; c'est ici qu'aura lieu la fête du gui. Je t'y emmènerai. Au sixième jour de la lune, tu verras des druides en tunique rouge et en manteau de lin, blanc comme la neige, couper le gui sacré avec une faucille d'or. Pour apaiser nos dieux, on sacrifiera sous l'arbre des boeufs et aussi deux criminels : l'un sera égorgé, l'autre brûlé vif dans un mannequin d'osier. Après, nous ferons un grand repas et nous mangerons surtout de la viande.
- Oui, dit Nann, et il se terminera peut-être par une bataille, mais nous emporterons chacun un morceau de ce gui qui guérit tout.

Les druides

Nann est ému lorsque son père lui montre plus loin, dans une petite clairière, un groupe de jeunes nobles bien vêtus, écoutant les leçons d'un vieux druide.
« Voilà nos vrais chefs, dit Gaviniath. Respecte les druides, mon fils ; ils savent tout. Ce sont à la fois des prêtres, des professeurs et des juges. Ils ont étudié plus de vingt ans. Crains-les aussi, car ils sont tout puissants, et personne ne sait ce qu'ils font quand ils se réunissent, une fois par an, au pays des Carnutes,
Ils marchent encôre un moment, et rencontrent plusieurs troupeaux de cochons à moitié sauvages. Ils quittent enfin la forêt, et, du haut d'une colline, aperçoivent les murs de la ville. Le sentier s'élargit.

La ville

« Qu'ils sont hauts, s'écrie Nann, ces murs de pierres sèches.
Oui, dit le père, hauts et solides, car on a intercalé des rangées de troncs d'arbres. Si un ennemi attaquait notre tribu, c'est là que nous nous réfugierions avec nos bêtes et nos provisions. »
Ils entrent. Nann voit des huttes semblables à celles de son village, et quelques terrains vagues où l'on campe en temps de guerre. Il admire une chose merveilleuse : des maisons de pierre, sans fenêtre, à moitié enfouies dans le sol. Par leur porte basse, on aperçoit les artisans au travail. De la fumée s'échappe par les cheminées de bois.
Et Nann regarde comment on fabrique les armes, les bijoux d'or et d'argent, les poteries, parfois peintes de couleurs vives. Il aperçoit encore des seaux, des casseroles en bronze, et une invention gauloise : les fûts de bois. Il voit construire de grands chars à deux roues, et . d'autres qui en ont quatre.
Dans un autre quartier, Nann s'arrête devant des fabricants d'une autre invention gauloise : le savon.
Toujours heurtant des porcs, des chiens et des oies qui errent dans les rues étroites, il se rend dans le quartier des tisserands. Les couleurs des étoffes l'éblouissent, et plus encore celles des tapis de laine. Il s'émerveille devant un matelas de laine qu'on achève pour un noble. Gaviniath achète un soc de charrue, et offre à son fils, qui en devient rouge de plaisir, une saie jaune et verte, puis ils prennent le chemin du retour.

J. LE POEZAT-GUIGNER.

(1) Bière de même composition que la notre, le houblon eu moins.
(2) Mélange d'eau, de miel et d'orge fermentée.
(3) Nos feux de la Saint-Jean sont un vestige des feux gaulois du solstice d'été.
(4) Les Gaulois ont été les premiers connaître cette technique.


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